Déclaration du Conseil des imams du Québec
sur la loi sur la neutralité religieuse au Québec
Nous, Conseil des imams du Québec exprimons notre profond Regret sur l’adoption de la loi 62 portant sur la neutralité religieuse au Québec.
L’Assemblée nationale du Québec a fait passer le projet de loi 62 visant à établir une neutralité religieuse en obligeant les individus à donner ou à recevoir des services de l’État pour découvrir leur visage.
Nous, (conseil des imams du Québec) avons été profondément préoccupé par le fait que ce projet de loi restreint les droits des Canadiens, en particulier des femmes musulmanes, viole les principes canadiens de liberté de religion et d’expression et établit un critère religieux pour la réception des services publics.
Cette adoption empêcherait désormais la femme musulmane à porter le niqab dans tous les lieux publics ainsi que dans des services gouvernementaux, des établissements d’enseignement, des bibliothèques des transports publics et autres. Et mieux encore, refuserait une large gamme de services à un groupe spécifique de femmes et risque de les isoler et de les rendre ainsi vulnérables.
C’est pourquoi nous avons été une fois de plus consternés par le fait que cette loi soit promulguée dans une Province connue pour son respect strict des libertés, de l’ouverture, de l’égalité et de la justice. Une loi qui va à l’encontre du strict minimum des droits de l’homme, une loi qui est incompatible aux libertés individuelles et religieuses et est opposée au principe de l’égalité adoptée par les lois célestes, les conventions internationales et les droits de l’homme.
Voici donc les raisons pour lesquelles, nous insistons sur le fait qu’une loi comme celle-ci perturberait la communauté musulmane, priverait une partie de celle-ci de l’exercice de sa liberté personnelle, de son plein droit à l’expression et par conséquent la mènerait à l’isolement ce qui nuirait à sa bonne intégration dans la société québécoise et canadienne.
Un tel scénario ne sera pas du goût du gouvernement canadien, qui sait pertinemment que la plupart des immigrants qui sont venus ici étaient en quête de liberté, de droits et de respect mutuel.
C’est dans cet esprit humanitaire et de droits que Monsieur le maire de Montréal, « M. Coderre » a rejeté cette loi et a estimé qu’il était difficile de la mettre en pratique au Québec.
Le Parlement de l’Ontario et son chef du gouvernement se sont également opposé pour les mêmes raisons.
Nous aimerions attirer l’attention sur le fait que le Conseil des imams du Québec ni aucun de ses membres n’ont été consulté pour leur opinion à cet égard, alors qu’elle constitue la référence juridique de la majorité de la communauté musulmane au Québec.
En conclusion, nous confirmons que le Conseil attache beaucoup d’importance à la sécurité, dans des lieux et des circonstances qui exigent la divulgation de l’identité de la personne, de son visage, et la valorise pour le maintien de la paix et de la stabilité dans la communauté, qui lui est très chère et dont le vivre ensemble doit être primordial et essentiel.